Bonjour Serge,
Au moins, je vais te rassurer (a minima) sur une chose : le mois de mars sera déficitaire au niveau national. Ou alors, il faudrait vraiment un sacré coup de douceur sur l'ensemble de la dernière décade, ce qui n'est pas à l'ordre du jour même si le mercure devrait se trouver plus souvent au dessus des normes qu'en dessous.
A la date d'hier (le 20), nous en étions à
-1.95° en bilan depuis le début du mois. Il faudrait donc, mathématiquement, une dernière décade avec anomalie de près de +4° pour annuler le déficit accumulé : la barre est quand même placée bien haut. Même si un bilan peut parfois évaluer très vite : en l'occurence, en deux jours, le déficit national a tout de même été corrigé de
0.78°, puisque nous en étions à
-2.73° au 18.
Même par chez toi dans le lointain NE, difficile d'imaginer que mars puisse être autrement que déficitaire avec des bilans au 20 de -1.43° à Metz, -1.83° à Strasbourg, -2.07° à Langres, et même -2.42° à Besançon. Même chose d'ailleurs dans mon SO profond, avec -1.74° à Biarritz et -1.80° à Bordeaux.
Sinon, en effet les températures très douces relevées en France ces derniers jours se sont produites avec une masse d'air certes pas banale, mais loin d'être exceptionnelle. D'ailleurs, il suffit de se tourner vers l'Aigoual : sur les deux derniers jours, l'anomalie la haut avoisinne ..
+1.5°. Pas exceptionnelle, la masse d'air à 1600 mètres.
Mais alors peut-on aussi en déduire que ces incursions chaudes (outre leur fait de se produire plus souvent), et au vu, non de la situation synoptique, mais au vu de l'état thermique de l'atmosphère, gagnent thermiquement et en plus se déplacent avec nettement plus de facilité.
Pour le premier point, assurément : dans un contexte de réchauffement global, il est évident que les incursions chaudes deviennent de plus en plus intenses, même si ce n'est pas non plus très marqué : la part brute du réchauffement, c'est que là où nous avions 23.4° il y a 50 ans, nous avons 23.9° aujourd'hui. Ce qui impacte beaucoup plus selon moi, c'est que nous avons eu depuis le début de la décennie des vortex globalement déconcentrés en période hivernale, avec accumulation du froid aux latitudes moyennes, et accumulation de la chaleur aux latitudes basses. Alors, quand arrive la période des incursions chaudes, ces dernières se font sur la base de réserves chaudes exacerbées - tandis que les réserves fraiches des intersaisons sont réduites comme peau de chagrin.
Ce n'est pas une règle générale, mais tout de même une belle tendance de fond : mis à part 2007, force est de constater que depuis les années 2000 nous en avons fini avec ces flux d'ouest persistants qui ceinturaient presque tout l'hémisphère nord dans les années 1980/1990. Nous bénéficions d'hivers plus frais (cela fait plaisir à certains qui y voient le début de leur glaciation), mais aussi moins humides. Trois mois de répis ... que l'on paye sur les 9 mois restants de l'année.
Entre la décennie 1990 et la décennie 2000, les hivers se sont refroidis de 7 centièmes de degrés (depuis le temps qu'on vous le dit que le GIEC c'est des crétins qui n'ont rien compris !). Dans le même laps de temps, les printemps se sont réchauffés de +0.38°, les étés de +0.51°, et les automnes de +0.72° (meuh ca c'est le réchauffement urbain et le soleil et pi de toute façon ces données elles sont truquées...).
Pour le reste, j'étais toute la semaine à la météopole à Toulouse, sans accès au net (cela fait du bien des fois de couper le lien durant quelques jours
). Je découvre donc en rentrant les observations globales des derniers jours, et je vois que tout va bien : les températures de surface des océans continuent de battre tous les records, dans la foulée l'anomalie provisoire basée sur les 19 premiers jours de mars 2010 au niveau global est la plus élevée jamais observée pour un mois de mars au sol comme pour la basse troposphère, El Niño - vous savez,
celui qui n'existe pas qui est trop faible pour être signalé qui a déjà décliné en août qui a décliné en octobre qui n'est pas si marqué que cela qui est sur le déclin depuis janvier est toujours stable et est même un peu remonté cette semaine. Seule fausse bonne nouvelle, l'extent de la banquise arctique a bien progressé et a atteint des valeurs tout à fait correctes sur les derniers jours de l'hiver dans les zones où elle était en retard (qui sont aussi celles où la fonte va débuter). C'est bien, on va entamer la saison de débacle avec de la glace vieille de quelques jours sur les premières zones qui vont fondre, quelle chance. A noter que la baie d'Hudson marque ses premiers signes de débâcle : après l'hiver le plus doux jamais enregistré au Canada, ce mois de mars a nouveau exceptionnel dans la région (on tourne à >12° au dessus des normes sur la dernière semaine la bas) a permis d'enregistrer le début de débacle le plus précoce de l'histoire de la Baie d'Hudson. Même si le retour provisoire d'un temps plus froid pourrait stopper le phénomène sur ce secteur.