@lizé. a écrit:Non, Treize, je ne crois pas que ça fonctionne vraiment ainsi. Mais les schémas st excellents, du moins dans leur principe et leur clarté. Et merci pour l'effort pédagogique. El Niño correspond aux alizés faibles, et même inversés, ce qui permet à la "Warm Pool" (vaste plage de mer chaude) de glisser de l'W Pacifique vers l'Est, au niveau de l'équateur, donc vers la Colombie, le Pérou. Je crois qu'on ignore pourquoi ça bascule. Certains disent que les alizés s'inversant, la Warm Pool est entraînée vers l'Est au lieu d'être repoussée vers les côtes philippines (de mémoire)par les alizés normaux. Perso, intuitivement,je suis plus pour la solution inverse : un jour, trop d'eau chaude à l'W (avec une surface mer plus haute de quelques décimètres) et cette masse se met en route vers l'Est, ce qui modifie le champ de pression atmosphérique au-dessus (conduction, convection, dépression dynamique...), donc renverse les alizés.
C'est vrai que j'ai simplifié au maximum
Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que le moteur de cette "Warm Pool", c'est le chauffage solaire. C'est pour cela que plutôt que de dire "El Niño correspond aux alizés faibles, et même inversés, ce qui permet à la "
Warm Pool" de glisser de l'W Pacifique vers l'Est", j'aurais plutôt dit "El Niño correspond aux alizés faibles, et même inversés, ce qui permet de réduire le brassage des couches océaniques ainsi que l'apport d'eaux plus froides en surface depuis les côtes américaines, et d'obtenir un réchauffement de la couche de surface par accumulation de l'énergie solaire".
Pour le reste, c'est vrai les mécanismes à l'origine de la mise en place comme du déclin des épisodes de Niño comme de Niña semblent encore assez mal connus. On commence à bien comprendre comment "la mécanique fonctionne", mais il y a encore de la marge de progression sur la compréhension de leur déclenchement.
Ma question : pourquoi certaines années tous les océans sont chauds ? D'où provient cette soudaine chaleur ? Pas de l'atmosphère en tout cas, puisque le pilote énergétique c'est globalement la mer (dans le couple mer/atmosphère, car par dessus tout c'est le Soleil, évidemment).
Lorsque l'on observe les courbes d'anomalies océaniques, ce sont des données qui ne représentent que les températures des couches de surface. Par derrière, outre les échanges bien connus mer/atmosphère, il y a aussi des échanges mer(surface) / mer(profonde) qui sont par ailleurs beaucoup moins étudiés et/ou compris. Et concrètement, vu que l'on peut résumer à mer (surface) = chaud et mer (profonde) = froid, étant donné que l'on ne mesure que la surface, cela se réduit à ceci :
- Echanges mer (surface) / mer (profonde) faibles : anomalies océaniques élévées.
- Echanges mer (surface) / mer (profonde) élevés : anomalies océaniques faibles voire négatives.
La prévision El Niño est très bonne en général, plusieurs mois à l'avance.
J'ai naturellement tendance à rester prudent avec les prévisions Niño, qui reposent avant tout sur les prévisions saisonnières (même si ces dernières sont autrement plus fiables dans les zones tropicales que tempérées). Bon après c'est vrai que l'on a parfois de bons résultats, mais c'est loin d'être systématique. Début 2007, les chercheurs de Hadley avaient pronostiqué que 2007 serait l'année la plus chaude depuis le début des relevés, se fondant sur les prévisions de mise en place d'un puissant Niño. C'est la Niña qui a débarqué, et certains en rigolent encore.
Sur la prévision postée ci-dessus, on a quand même deux gros "tubes" :
- Le tube majoritaire modélise un déclin progressif de cet épisode nous conduisant vers des conditions neutres en zone 3 vers mai/juin
- L'autre tube, minoritaire, un maintien des SST dans les +1° jusqu'en fin d'échéance.
Sinon, je ne sais pas si vous connaissez ce genre de reconstructions, mais on peut "corriger" les anomalies globales de températures de l'impact de l'ENSO (en clair, on calcule sur une très longue série l'impact de l'ENSO sur les températures globales, et on recalcule les anomalies en "gommant" cet impact).
Cela permet de visualiser ce à quoi pourraient ressembler nos courbes d'anomalies si l'ENSO était neutre en permanence.