Le climat du massif du Mont Blanc.C'est un climat continental typique avec un maximum de précipitations bien marqué en juillet-août et un minimum en janvier-février.
Pour un gradient annuel moyen de 0°5/100 m, l'isotherme annuel de 0° se situe vers 2 300 m. A cette altitude, 5 mois ont des moyennes négatives et reçoivent la presque totalité de leurs précipitations en neige, mais juillet-août ont encore des moyennes de près de 9°. Ce n'est qu'à 3 000 m que les fortes précipitations d'automne et de printemps tombent essentiellement sous forme de neige ; à 3 800 m, juillet a une moyenne de 0°. Ce n'est qu'à cette altitude que la totalité des précipitations tombe en neige.
A première vue, ces conditions climatiques ne sont pas extrêmement favorables aux glaciers. C'est l'existence de vastes zones au-dessus de 3 000 m qui explique pratiquement seule leur étendue.
La situation du Mont Blanc n'est favorable aux glaciers qu'en altitude, et encore les vastes surfaces d'accumulation au-dessus de 2 800 m sont-elles réduites par l'aération du massif.
Dans la vallée, les chaleurs d'été sont trop fortes : les maximums dépassent 30° presque chaque année. A midi en juillet, il fait plus chaud à Chamonix qu'à Monaco.
La moyenne de Chamonix, réduite au niveau de la mer (12° 05), en fait une région chaude malgré la latitude : les moyennes à 1 000 ou 2 000 m s'en ressentent.
Le rythme continental des précipitations n'est pas non plus très favorable aux glaciers.
Le laboratoire de glaciologie du C.N.R.S. (les Cosmiques) est situé à 3 600 m d'altitude au pied du Mont Blanc du Tacul. Pratiquement à cette altitude toutes les précipitations tombent sous forme de neige ou de pluie gelée.
Généralement la seule fonte notable des neiges à cette altitude, la seule ablation, se situe au voisinage du solstice d'été entre le 15 juin et le 15 juillet. L'eau de fonte s'infiltre en profondeur où elle regèle. Par année froide et humide, l'ablation est presque nulle.
D'après nos observations en juillet 1961, il est tombé du 1*' au 16 juillet 65 cm de neige équivalant à 162 mm d'eau. Pour l'ensemble du mois de juillet, il est tombé sous forme de neige l'équivalent de plus de 200 mm, et peut-être 250 mm d'eau.
Dans la zone sommitale du Mont Blanc, durant ce même mois, on a enregistré des chutes de neige énormes (comme celles qui paralysèrent la cordée Bonatti au Freney, versant italien). D'après nos observations, on peut estimer alors raisonnablement à plus de 4 mètres de neige fraîche (400 mm en eau) les chutes de juillet au-dessus de 4 000 m.
A partir de 1960, l'excédent d'enneigement devient considérable. Il neige à Chamonix (1 000 m) jusqu'au 24 avril.
Le 1er mai l'enneigement moyen est plus du double de la normale. Juillet 1960, au Tour, fut un des plus froids depuis 50 ans : la moyenne trimestrielle juillet-septembre fut de 11°8.[/b] « L'été 1960 a été exceptionnel, la glace vive n'apparaissant que fin juillet et les premières chutes de neige apparaissant début septembre » (L. Lliboutry).
Le relevé des altitudes de la haute surface de la Vallée Blanche fait par cet auteur montre qu'en 1960 le névé avait retrouvé les mêmes altitudes que lors des mesures de J. Vallot en 1911 (période de crue relative). En 1961, les cotes avaient monté en moyenne de 26 cm. Pour l'hiver 1960-61 : « Dès fin octobre la neige s'installa au-dessus de 2 000 m en haute montagne, le maximum d'enneigement fut plus fort et plus tardif que d'habitude... la fonte ne progressa que lentement et ce ne fût qu'à partir du 24 août qu'elle fut réellement active... c'est le mois de septembre qui fut le plus chaud de l'année, ce qui ne s'était jamais produit. »
L'hiver 1961-62 fut exceptionnellement long. Le mois de mai 1962, par exemple, eut des froids inconnus depuis un siècle. A la mi-mai la neige tombait encore à gros flocons dans toutes les Alpes du Nord jusqu'à 1 800 m. La température moyenne de juin fut également de 2°1 inférieure à la normale. Les minimums absolus du mois ont aussi dépassé de 2° les précédents records. De grosses chutes de neige ont encore lieu à moins de 2 000 m jusque vers le 20 juin.
Le mois de juillet reste froid et neigeux en montagne. Seulement août et septembre seront beaux et assez secs. Octobre est déjà très froid. En décembre 1962, l'enneigement est exceptionnel.
Sources : Jean Corbel. Revue de géographie alpine
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