Stéphane, J'ouvre un Topic sur la banquise Arctique, en y citant ton Post qui est très intéressant, car je pense que c'est un sujet important qui mérite bien un Topic spécial.
Treize a écrit:Blague à part, c'est vrai qu'un vortex bien concentré aurait été plus "utile" à une solide reconstitution de la banquise, tant en surface qu'en épaisseur. Le fait est que pour le moment, sur le sommet de notre planète, la situation n'est tout de même pas folichonne depuis le début de l'automne et les choses ne s'arrangent guère même si elles n'empirent pas non plus. Il est bien trop tôt encore pour faire des pronostics, mais pour le moment aucun élément favorable ne semble en mesure de nous éviter de se retrouver en sortie d'hiver avec un maximum 2010 dans le top 5 des plus faibles. On a encore le temps d'en parler et de voir venir.
Ce sur quoi il est également intéressant de réfléchir sur le long terme, c'est l'impact possible de cette situation d'AO très négative cet hiver. J'en vois plusieurs :
- L'air froid n'a été que très peu concentré au pôle cette année, envahissant massivement les latitudes moyennes (d'où cette belle ceinture froide d'anomalies négatives en janvier, cf l'autre topic). A l'inverse, les masses douces bien présentes au niveau des tropiques, et exacerbées par ailleurs par un épisode significatif d'El Niño, ont sagement évité les grandes incursions au nord. Quand on regarde à nouveau les anomalies de janvier, on constate ainsi une seconde ceinture d'anomalies chaudes des Caraïbes à la Chine via toute l'Afrique du Nord, le Moyen Orient et la moitié sud de l'Asie.
D'ici un mois environ, les réserves froides des régions arctiques, déjà bien faibles (le gros est sur les continents) ne seront plus suffisantes pour que ces invasions froides de grande échelle se maintiennent. Dans le même laps de temps, les masses d'air inhabituellement chaudes présentes en gros du tropique du Cancer à l'Equateur (on reste visualisés sur l'hémisphère nord), qui seront en outre exacerbées par un El-Niño même s'il est déclinant (quoique, l'indice SOI a à nouveau plongé ces derniers jours à des niveaux pas vus depuis 1998) et l'approche de l'équinoxe de printemps, ne devraient pas rester stationnées ad vitam eternam sur leurs positions. Des remontées chaudes de très grande intensité sont donc à envisager sur les régions tempérées au cours du printemps : il est impossible de dire à l'heure actuelle quelles régions seront concernées, mais pas mal des régions des latitudes moyennes concernées aujourd'hui par les descentes arctiques pourraient virer au rouge d'ici fin mars ou avril. Comprenons-nous bien : après, la France peut très bien se retrouver dans des flux de N/NO moribonds persistants au printemps. Ce que j'essaye juste de dire, c'est qu'un flux de nord en avril 2010 devrait être moins "frais" qu'il ne l'aurait été si le vortex était resté concentré car les réserves froides seront moins imposantes derrière. Et qu'à l'inverse, le moindre flux de Sud pourra emporter des températures beaucoup plus élevées qu'habituellement, car les réserves chaudes sur l'Afrique du nord sont plus imposantes que la normale.
- Je ne pense pas que l'albédo résultant d'une couverture neigeuse plus importante que la normale cet hiver sur l'hémisphère nord (suite aux vagues de froid répétées sur tous les continents) soit réellement significatif. Pour janvier, la couverture neigeuse a été supérieure à la normale de 0.6% sur l'hémisphère nord : de ce que j'avais lu, l'impact de l'albedo devient perceptible au niveau des températures globales et en cette saison (hiver) lorsqu'il atteint la barre des 2%. La valeur paraît assez élevée, mais elle prenait en compte le fait que de toute manière le rayonnement solaire est déjà bien faible en cette saison sur notre hémisphère, donc ce n'est pas 0.6% en plus qui va faire une grande différence.
- Concernant l'état futur de la banquise, ce manque de concentration du froid au pôle va vraisemblablement nous faire déboucher sur un extent et une épaisseur relativement faible en sortie d'hiver. On partira donc a priori avec un handicap de ce côté ci. Mais cela n'engage rien sur la suite : si le peu de masses froides reste bien calé sur le bassin arctique durant la période de débâcle et que les invasions chaudes estivales restent sagement sur les continents, le minimum 2010 pourrait tout à fait être moins prononcé que les trois précédents.
Dernière édition par Michel le Mar 9 Fév - 6:08, édité 1 fois